En Diligence
Sur La Route Royale N°1
Aux XVIIIe et XIXe siècles

L'ouvrage



Il s'agit d'un volume de 276 pages au format A4 (21x 29,7 cm.) cousu et illustré de 160 reproductions et photographies en noir et blanc, et 20 pages en couleurs.

Couverture

C'est une évocation des voyages qui se sont passés sur une partie de l'ancienne route de Paris à Calais aux XVIIIe et XIXe siècles. Les faits rapportés sont extraits des archives notariales, communales et départementales.
Les rapports de gendarmerie mentionnent de nombreux accidents et des attaques de malle-poste dans le département de l'Oise.
A cette époque, l'activité économique dépendait essentiellement de la route. Les maîtres de la poste aux chevaux qui résidaient dans leur relais, étaient en haut de l'échelle sociale et souvent maire de leur commune. Ils employaient de nombreux habitants dans leur établissement, parmi lesquels les postillons sont les plus connus.
Les aubergistes, chasse-marée, voituriers par terre et par eau animaient et rythmaient la vie quotidienne de villageois.

Cet ouvrage décrit plus particulièrement dix communes traversées par la route : Saint-Brice-sous-Forêt, Piscop, Moisselles, Presles, Beaumont-sur-Oise, Persan, Chambly, Puiseux-le-Hauberger, Noailles, Neuilly-en-Thelle.

Ci-dessous, vous pouvez lire un article du même auteur qui s'appuie sur cet ouvrage. Il est paru dans le magazine "Vivre en Val d'Oise" n°78, février-mars 2003.


La route royale N°1, de Paris à Beauvais, aux XVIIIe et XIXe siècles, était établie en poste, autrement dit pourvue de relais. Ils étaient établis tous les 10 kilomètres environ. On y trouvait des chevaux frais, les postillons chargés de les conduire et généralement une auberge. Le relais était dirigé par un maître de poste nommé par l'administration centrale, qui bénéficiait de nombreux privilèges parmi lesquels l'exemption de l'impôt foncier et du logement des gens de guerre.
Suivons ce fil conducteur au rythme des diligences et remontons dans le temps depuis Saint-Brice-sous-Forêt jusqu'à Puiseux-le-Hauberger dans l'Oise.
Au XVIIIe toutes les auberges disposaient de vastes écuries avec le personnel nécessaire au soin des chevaux, et servaient parfois de relais pour les chasse-marée. Les voitures postales qui étaient prioritaires avaient le droit d'aller en poste (au galop). Dans ces lieux relayaient les malle-postes, les messagers et les diligences, sous la responsabilité du maître de poste. Après la Révolution, ils seront bien souvent maires de leur commune.

Saint-Brice-sous-Forêt

Le premier relais après Paris se trouvait à Saint-Brice-sous-Forêt. De cette activité il ne reste rien, à l’exception de la rue Brunard qui perpétue le nom d’une ancienne maîtresse de la poste aux chevaux nommée en 1707.

Piscop

Poursuivant notre chemin, nous empruntons l’ancienne route royale déclassée en départementale N°9. Nous traversons Piscop sur une chaussée partiellement pavée, bordée par les bâtiments des anciennes auberges de Poncelles. C’est en ce lieu qu’en 1817, on frisa l’incident diplomatique quand l’ambassadeur de Naples se fit voler sa malle attachée à l’arrière de sa voiture. Un témoin avait bien tenté de prévenir le postillon, mais ses cris avaient été couverts par le bruit de la diligence sur les pavés.
Dans son témoignage, il rapporte que le malfaiteur avait attendu son passage caché sous un porche avant de bondir à l’arrière du véhicule et de couper les cordes qui tenaient les bagages. Les huit gendarmes et le commissaire dépêchés en hâte de Paris pour résoudre cette affaire sont rentrés bredouilles.

Moisselles

Nous arrivons maintenant à Moisselles où le relais de Saint-Brice fut transféré en 1794 à l’emplacement de l’asile psychiatrique. Une plaque de chevaux de renfort est encore en place au bas de la côte de la rue de Paris. Des huit auberges et de la brigade de gendarmerie bordant cette importante voie, seul un café est encore en activité.
Vers 1900, quelques cartes postales les représentent encore, plus particulièrement l’auberge du Lion d’Or. Cette appellation est dûe au jeu de mots « du lit on dort », on la rencontre pratiquement dans chaque village. C’est dans cette hôtellerie que fit halte Honoré de Balzac en route vers l’Isle Adam. Les chasse-marée avaient établi un relais dans l’auberge à l’enseigne du Rendez-Vous des Mareyeurs.
Arrivé au carrefour de la Croix Verte, nous apercevons un groupe de bâtiments édifiés au début du XVIIIe siècle dans lequel se trouvait l’auberge du même nom. En 1829, elle fut le théâtre d’une tragédie ; l’aubergiste Guillaume Prudhomme âgé de 25 ans et son épouse Louise Duru 16 ans, y furent sauvagement assassinés par deux voyageurs. Réfugiés à l’étranger, ils furent arrêtés quelques années après leur méfait, puis exécutés. En 1962, ce drame avait été reproduit sous la forme d’une bande dessinée dans le journal de France-soir.

Maffliers

Sur la voie rapide qui reprend l’ancien tracé, arrêtons-nous aux feux rouges au bas de la côte de la Maison Neuve, à Maffliers. L’exploitation agricole sur la gauche est une ancienne auberge citée dans un guide en 1776.
Dans le bourg, en 1804, le maire, Pierre Julien Ragirelle, exploitait une entreprise de transports publics.

Presles

Quittons la voie rapide et descendons sur Presles par la départementale 78 et arrêtons-nous au lieu dit La Cave.

Saint Eloi, fresque murale de la chambre
C’était autrefois un carrefour important appelé carrefour de la Grille du Château. Les bâtiments anciens qui le bordent ont été édifiés en 1786. L’ancienne ferme dite de La Cave abritait un relais de chevaux de renfort avec de vastes écuries pouvant héberger plus de cent chevaux et un maréchal-ferrant. Une auberge ayant pour enseigne « Au Lion d’Or » y exerçait son commerce. La chambre N°4 a conservé une fresque murale représentant Saint Eloi, patron des forgerons et des maréchaux-ferrant.
A cet endroit les voyageurs qui se rendaient à L’Isle-Adam changeaient de diligence comme le décrit Balzac dans son ouvrage « Un début dans la vie ».
A l’entrée du village de Presles, l’enseigne du café du forgeron aujourd’hui fermé, rappelle l’ancienne activité exercée en cet endroit.
Au sortir du village, dans le virage au bas de la côte, se trouve sur notre gauche l’impasse de l’Hermitage qui est l’ancienne route. Cette appellation reprend le nom de la maison située à son extrémité, dans laquelle Michel Droit a passé son enfance.
Ferme de La Cave

Beaumont-sur-Oise

Nous arrivons maintenant à Beaumont-sur-Oise où se trouvaient de nombreuses entreprises de transport et le second relais de la poste aux chevaux. Il était établi dans la rue de la Libération anciennement du Pot d’Etain, à l’emplacement du parking de la mairie. La rue Meunier toute proche désigne le nom du donateur et dernier maître de poste de cette ville.

Hôtel du croissant
La plus grosse entreprise de diligences était exploitée par les frères Descrept dans l’hôtel du Paon, aujourd’hui remplacé par une agence bancaire. Ils avaient acheté toutes les maisons concurrentes établies dans cette ville.
Des dix-neuf hôtels ou auberges que nous avons recensés à cette époque, le seul encore en activité est le café de la plage, place du Pothuis.
L’hôtellerie du Croissant, fréquemment citée par les beaumontois comme l’ancien relais de la poste aux chevaux, était en 1696 un relais pour les chasse-marée. Claude Dupré, maître de cet établissement, fut impliqué dans un procès qui mettait en cause deux de ses charretiers voiturant du poisson.

Le pont était le point de passage le plus commode pour les diligences pour traverser l’Oise, et il fallait payer l’octroi pour le franchir « tant dessus que dessous ». Pour passer sous ses arches, encombrées par les filets et les roues des moulins, les mariniers faisaient appel au maître de pont aidé par ses douze officiers.
La dernière mention d’un maître de pont concernait Léon Cuinier qui était cité comme témoin dans un accident de bateaux en 1888.

Persan

De l’autre côté du pont, nous sommes à Persan.
Sur la gauche, la rue du 8 mai 1945. A l’emplacement de la blanchisserie se trouvait la maison Cadot, un ancien relais de voituriers d’eau. Il abritait l’auberge à l’enseigne de Saint Nicolas, patron des mariniers, et aussi l’auditoire du seigneur de Persan.
A droite du pont, la rue du docteur Touati. Il s’agit de l’ancienne voie royale abandonnée en 1748 qui conduisait au relais de Bellé à Neuilly en Thelle.
Au N° 18 de cette rue nous pouvons apercevoir des bâtiments désaffectés qui abritaient un autre relais de voituriers d’eau et son auberge dite du Point-du-Jour. La façade du côté de la rivière atteste de son ancienneté. En 1750, y résidait Jacques Dusault, maître des coches d’eau des rivières d’Oise et d’Aisne, qui exploitait le grand et le petit coche d’eau pour Pont-sainte-Maxence et Pontavert. Durant la période révolutionnaire, la maison était occupée par Jean Baptiste Bouchez, aubergiste de la marine qui s’occupait des chevaux de relais pour le transport par voie d’eau des malades et blessés de guerre.
Abandonnons cette ancienne route et traversons Persan par une rue rectiligne longue de 3700 mètres, depuis le pont de Beaumont-sur-Oise jusqu'à Chambly. Elle est maintenant coupée par des rond-point.

Chambly

Cette ville autrefois fortement industrialisée abritait de nombreuses auberges et entreprises de transport. Toutefois, de par sa proximité de Beaumont, elle ne disposait pas de relais de poste. Cependant, une importante entreprise de transport voiturait quotidiennement marchandises et voyageurs en direction de Paris et de Beauvais.
Parmi les hôtelleries, celle des Trois Croissants était la plus importante. Dans ses murs s’exerce aujourd’hui un commerce de boulangerie.

Puiseux-le-Hauberger

Quittons la ville et dirigeons nous à Puiseux-le-Hauberger, aujourd’hui à l’écart de la grande route qui fit autrefois sa prospérité.

âtre avant travaux
Ce troisième relais de la poste aux chevaux depuis Paris est toujours visible. Une enseigne peinte au-dessus de la grande porte indique Ferme de la Poste. A sa gauche étaient les logements des voyageurs, une vaste cuisine qui renfermait un évier en grès, un four à pain, le potager et de vastes caves. Autour de la cour intérieure se trouvaient les écuries dans lesquelles étaient encore accrochés aux murs les lits des postillons. L’association communautaire Emmaüs de Bernes-sur-Oise a fait l’acquisition de cet ensemble de bâtiments en l’an 2000. Elle a gardé, malgré d’importants travaux de restauration, la mémoire de ces lieux. Les anciennes écuries réaménagées en une salle de restauration ont conservé les mangeoires en pierre.
écurie du relais avant travaux A l’entrée du village de Puiseux, on retrouve l’ancienne voie royale bordée d’arbres majestueux. Sur le bord de la chaussée, une ancienne borne royale en pierre, sur laquelle sont gravés deux nombres, 22 et 44. Le premier indique la distance en lieues depuis Paris et le second plus élevé, cette même longueur après l’adoption du système métrique exprimée en kilomètres. Au-dessous était gravée une fleur de lis qui a été bûchée à la Révolution.

Le 6 décembre 1807, Charles Carrié, maître de la poste aux chevaux de Puiseux, informait le sous-préfet d’une attaque de la malle poste sur cette route:

Monsieur
J’ai l’honneur de vous informer que l’un de mes postillons a été arrêté avec la malle poste allant à Paris sur la grande route près de la Sablonnière au droit de Saint-Jean dépendant de la commune de Belle-Eglise hier au soir à 11H ½ par quatre brigands qui se sont déclarés déserteurs - portant un uniforme de chasseur et ont tiré un coup de fusil en l’air - ont monté dans la malle après avoir dételé le bricolier et ont fait descendre le courrier qui était seul avec le postillon [...] et ont questionné le courrier lui demandant l’argent du gouvernement - a déclaré ne point en avoir - l’ont fouillé et ont pris quatre louis de 24 livres en or et une pièce de 30 sols, trois livres et encore trois livres en cuivre après avoir tout fouillé [...] ».
Attaque de diligence

Les attaques de malle poste étaient fréquentes dans le département de l’Oise, en particulier dans les grands massifs forestier. Certains gendarmes n’hésitaient pas à se cacher sous la bâche de l’impériale pour traverser la forêt d’Halatte. Ceux de Beaumont-sur-Oise invités par la maréchaussée de Beauvais à prendre des mesures similaires répondaient « que dans le département de Seine et Oise aucune attaque nocturne de malle poste n’est à signaler ».

Noailles

Le prochain relais se trouve à Noailles dont la particularité est d’en posséder deux.

Le plus ancien, le relais de Blainville, abrite aujourd’hui une ferme et un fabricant de meubles. Dans le plus récent s’exerce une activité agricole et sa façade rappelle l’architecture du précédent relais.
Peu d’anecdotes se rapportent à cette ville qui a été édifiée en même temps que la nouvelle route royale, au début du XVIIIe siècle, peu avant la fin des voyages en diligence.
Blainville


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